Allocution de SE Salomé Zourabichvili, Présidente de la Géorgie,
26 septembre 2021 - Ordre de la Libération
Hôtel National des Invalides

Monsieur le chef d'état-major des armées, 
Monsieur le gouverneur militaire de Paris, 
Monsieur délégué national l’ordre de la libération
Messieurs les officiers généreux 
Officiers, sous-officiers, légionnaires, 
Mesdames, messieurs  

Je ne voudrais pas commencer, cette allocution sans évoquer moi aussi votre camarade qui est tombé au Mali. Mali où la Géorgie participe auprès de la France et les ordres internationaux … de la communauté internationale, participe à cette opération. C'est pour nous un acte de présence et de solidarité international, comme nous avons vu en Afghanistan et pour nous toute perte sur ce territoire et une perte aussi pour la Géorgie. 
Un siècle s’est écoulé depuis cette année 1921 qui porte en elle un condensé des espoirs et de la tragédie du peuple géorgien. Un siècle s’est passé depuis qu’Aristide Briand, président du Conseil, reconnaissait la jeune République de Géorgie le 27 janvier 1921. Un siècle se ferme depuis, que en mars 1921, l’armée rouge brisait ce rêve d’indépendance et de démocratie en soumettant par les armes la Géorgie au joug soviétique. 
- En quelques mois de l’année 1921, la Géorgie perdait en même temps l’indépendance et souveraineté recouvre après le siècle d’occupation par les empires tant au Russe, tant au Ottoman, tant au Pers. Elle perdait à régime démocratique fondé sur une des Constitutions les plus progressistes de l’époque. Elle perdait l’intégration dans le concert des Nations européennes. 

Indépendance, démocratie, Europe : telles étaient les aspirations d’il y a un siècle. Elles n’ont pas changé. Plus que jamais elles guident l’immense majorité du peuple géorgien. 
Dans cette aspiration, la France tient une place singulière qu’unique. Aucun autre pays dans le monde n’a en effet autant contribué à préserver l’indépendance de la Géorgie dans la période moderne. Et dans un de ces clins d’œil dont l’Histoire a le secret, c’est une fille de cette émigration accueil en France qui a était nommée la première Ambassadrice de France en Géorgie et qui aujourd’hui s’adresse  à vous en tant que Président de la Géorgie. 
La France et d'un certain façon sont indissociable de la Géorgie libre et indépendante parce qu’elle a, à plusieurs reprises dans ces cent dernières années, préservé l’idée même de la Géorgie comme Nation indépendante. J’emploie à dessin un mot fort, celui de la préservation, car il s’agissait de ces moments où son existence même était en jeu. Cette relation franco-géorgienne s’incarne en trois moments, je viens vous dire.
La reconnaissance internationale en 1921. En janvier de cette année et pour la première fois depuis l’annexion de la Géorgie par la Russie tsariste en 1801, la Géorgie recouvre sa place dans le concert des nations grâce à la reconnaissance de Jure de son indépendance par la France et par la Grande Bretagne. La France restera fidèle à cet engagement en dépit et après l’occupation soviétique, comme on le sait trop peu, elle a exclu la Géorgie occupée de son acte de reconnaissance de l’Union soviétique en 1922. Elle accueille le gouvernement en exil à Paris. Paris devient alors la capitale de la jeune démocratie géorgienne en exil comme Londres l’est devenue pour la France libre. Ainsi en France l’indépendance de la Géorgie, la légation Georgienne, dureront non pas trois mais 15 ans. Ce n’est qu’en 1933, alors que les tensions avec l’Allemagne se renforcent, que le gouvernement Dalladier n’aura d’autre choix que d’accéder à la demande pressante de Staline et renoncera à ce soutien symbolique. Entretemps, la France sera devenue la seconde patrie de l’élite politique géorgienne, de la Géorgie libre, celle qui a choisi de poursuivre de l’extérieur sa lutte contre l’occupant soviétique, avec une conviction chevillée au corps : la Géorgie retrouverait un jour sa souveraineté, sa liberté et sa place en Europe.

Le deuxième moment c'est le retour du trésor national géorgien en 1944. nous le devons à Général De Gaulle que prend la décision de retourner à la Géorgie son trésor national, qui avait suivi le sort du gouvernement en exil et était conservé à la Banque de France.  Sans lui, et sans Ekvtimé Takhaïchvili ce trésor reprendra sa place au Musée national de Géorgie. Avec ce geste, c’est un pan central de l’histoire et de la culture de la Géorgie que la France nous restitue. 
La guerre de 2008 sera le troisième volet de ce triptyque. Lorsqu’une nouvelle fois les frontières de la Géorgie sont bafouées et le territoire envahi, alors que la Russie de Vladimir Poutine envoie ses chars et ses avions - la Géorgie parait bien seule. L’invasion russe progresse et rien ne paraissaient pouvoir l’arrêter, c’est la France qui intervient en son nom et au nom de l’Union européenne et le président Sarkozy obtient bel et bien un cessez-le-feu qui a arrêté la marche en avant des forces d’occupation et évité à la Géorgie un destin encore plus tragique. 
Bien entendu, d'autres Etats occidentaux ont beaucoup fait pour la Géorgie, des Etats-Unis à l’Allemagne en passant par le Royaume Uni, toutefois la France se distingue par son rôle concret a ces moments clés pour la préservation de notre indépendance. Avec le Président de la République Emmanuel Macron, nous avons scellé l'ordre de ma premier visite bilatéral dans un pays européen, le renforcement du partenariat bilatéral autour du dialogue Dimitri Amilakhvari, ce prince Géorgien dont nous célébrons aujourd’hui la vie et le sacrifice ultime pour cette France à laquelle comme tant de Géorgiens de l’émigration il était étranger et pourtant si profondément attache. 
La vie et les circonstances de la mort sur le champ de bataille du Prince Amilakhvari sont un parfait symbole de la densité du lien franco-géorgien. Car au-delà de l’action de l’Etat français aux moments clefs de notre histoire, la relation franco-géorgienne a cela de singulier qu’elle est aussi une certaine histoire de la France, une certaine histoire de l'émigration en France ou d'émigration nourrie par la reconnaissance et transformée en intégration réussie à la République.  
Ainsi cette communauté a donné à la France médecins, ingénieurs, sportifs, écrivains, musiciens, créateurs, diplomates ou journalistes. Pour ces Géorgiens de l’émigration arrivés en France par les hasards de l’histoire, servir la France aura été leur façon de rendre à la France un peu de ce qu’elle leur avait donné.
 

Le Prince Dimitri Amilakhvari, que je décore aujourd’hui à titre posthume de la plus haute décoration militaire géorgienne, symbolise plus que quiconque ce parcours.  En rejoignant dès juin 40 la France libre du Général de Gaulle à Londres, le lieutenant-colonel Amilakhvari s’engageait pour servir cette France qui avait offert l’asile à sa famille et à ses concitoyens et qui était pour tous indissociable de l’idée de liberté. Son engagement culminera à El Alamein en sacrifiant sa vie pour la France libre. « Nous étrangers, n’avons qu’une seule façon de prouver à la France notre gratitude pour l’accueil qu’elle nous a réservé : nous faire tuer pour elle ». Mort pour la France et sa liberté, il est mort aussi pour la liberté de la Géorgie, accomplissant son destin réunissant dans son sacrifice ses deux patries. 
 

Je suis donc particulièrement heureuse et honorée qu’en ce jour d’une portée symbolique, les deux bustes du Prince Amilakhvari que l’Association géorgienne en France offre au Musée de la (13eme DBLE) de la Légion étrangère et l’autre au Musée de l’Académie militaire de St Cyr, soient aujourd’hui dévoilés en ma présence en ce lieu prestigieux. Demain un troisième buste prendra sa place en Géorgie, reliant une nouvelle fois nos pays dans une communion aux mêmes valeurs de liberté et de fraternité. 

J’ai choisi ce jour symbolique pour décorer également deux autres personnalités qui ont marqué au cours du centenaire écoule la présence de l’émigration géorgienne sur cette terre d’asile. 
Constantin Andronikachvili-Andronnikov symbolise tout un itinéraire :  fils d’un officier de l’armée géorgienne qui a combattu l’invasion de l’Armée Russe, déporté et  fusillé en 1937, le jeune Constantin, refugie en France avec sa mère en 1920, il s'engagera comme volontaire dans l’armée de l’air comme étranger, sera naturalisé français en 1947, et mènera  une carrière exemplaire de diplomate au Quai d’Orsay et d’interprète personnel de trois Présidents français avant de se retirer pour se consacrer á la théologie.
Comme le prince Andronnikov qu’il le rencontre à l’Institut St Serge et où tous deux enseignent la théologie, l’archiprêtre Elie Melia aura pendant quarante ans fait vivre la chrétienté géorgienne hors les murs. Recteur de la paroisse géorgienne Ste Nino de Paris, seule paroisse dans le monde libre durant ces longues années de l’occupation soviétique, et de combat contre la religion, le père Melia aura été l’âme et le socle de l’émigration géorgienne en France et dans le monde.
Cette première émigration politique sera suivie de vagues successives qui vont à leur façon graver l’empreinte géorgienne en France: émigré de la première heure ou descendants d’émigrés le cinéaste Otar Ioseliani, l’orfèvre Goudji, la première femme secrétaire perpétuel de l'Académie française, un ambassadeur de France sur Nations Unies, la pianiste Khatia Buniatishvili, le rugbyman de la famille Iachvili, la peintre Vera Pagava, le créateur de mode Demna Gvasalia, la cantatrice  Anita Rachvelichvili, le comédien Guillaume Gallienne, l’écrivain Emmanuel Carrère sont parmi cela, pour ne citer que quelques-uns qui illustrent ce qui est une intégration réussie.  

L’histoire de l’émigration géorgienne est aussi celle d’une immigration réussie prouvant que loin d’être toujours un coût ou un poids, peut aussi être aussi un atout pour le pays d'asile. Elle démontre également que l’intégration, n’est pas exclusive de la préservation du lien avec son pays d’origine. Elle démontre enfin, ce que le monde actuel a de plus en plus de difficulté à reconnaitre, que l’identité n’est pas faite d’exclusion, mais peut être addition et enrichissement. Et de récuser toute contradiction entre le fait d’être Français comme les autres tout en demeurant Géorgiens, pour certains à part entière et d’autres au moins à temps partiel. Devenus pleinement français, les Géorgiens de l’émigration n’en avaient pas pour autant oublié et abandonné la Géorgie. C’est là le sens ultime du sacrifice du Prince Amilakhvari. Lutter pour voir un jour la Géorgie connaitre le destin de la France de 1945 -redevenir un pays libre, souverain et démocratique. 
L’émigration géorgienne porte aussi jusqu’à nous un message sur la singularité française, cette terre d’asile dont l’identité dépasse la géographie et l’hexagone pour tendre vers l’universel. L’histoire de la Géorgie en France est aussi celle des valeurs françaises partagées, et de la première d’entre elle, celle de la liberté. Au fond tout Géorgien se retrouve dans la formule du général de Gaulle quant à l’existence d’un « pacte multiséculaire entre la France et la liberté du monde ».  Et tout Géorgien porte en lui un peu d’Alexandre Dumas et de ses trois mousquetaires, du courage, du panache et une grande loyauté. 
Car, cette relation franco-géorgienne est de fait inséparable de notre appartenance à une culture aux racines communes, celles de la civilisation européenne. Civilisation ancestrale du vin, pays de Médée et des Argonautes, férue de littérature et de poésie, la Géorgie bien que située aux frontières géographiques de l'Europe a toujours était et sera toujours européenne.  
C’est ce qui explique aujourd’hui que 80% de la population souhaite l’adhésion à l’Union européenne. Choix de nécessité qui ne souffre d’aucune alternative, cette aspiration européenne représente d'abord un choix de civilisation. Notre jeunesse y voit son avenir : nos jeunes viennent étudier et s’installer en Europe, ils rêvent de Paris et s’abreuvent de culture européenne. Il ne viendrait aujourd’hui à personne parmi la jeune génération d’imaginer son avenir autrement qu’au sein de l’Europe. Ni vers la Russie qui représente un passé révolu, ni vers l’Asie centrale ou le Proche-Orient, géographiquement pas si distants, mais culturellement infiniment plus distants. 
Notre présence ici aujourd’hui à nous tous le démontre. La Géorgie c'est l’Europe. Mon histoire personnelle l’incarne. Elle constitue le cœur de mon mandat : assurer le rapprochement sans cesse plus étroit entre la Géorgie et l’Europe. La France, qui incarne aujourd’hui l’ambition européenne la plus aboutie d’une Europe qui s’affirme dans le monde, devra trouver ce chemin de crête pour réussir tout à la fois l’intégration de la famille européenne, telle qu'elle est aujourd'hui, et c'est une exigence de puissance et l’inclusion de toute sa famille, jusqu’à la Mer Noire y compris, comme un fait de l’Histoire comme une nécessité sans alternative.


Vive la France, vive la Géorgie !
გაუმარჯოს საქართველოს, გაუმარჯოს საფრანგეთს!

ქალბატონო პრეზიდენტო

ბატონო შეიარაღებული ძალების შტაბის უფროსო

ბატონო  პარიზის სამხედრო გუბერნატორო

ბატონო სენ-სირის სამხედრო აკადემიის მეთაურო

ბატონო უცხოული ლეგიონის მეთაურო 

ბატონო გათავისუფლების ორდენის ეროვნული დელეგატო

ბატონო  ინვალიდების სამხედრო გუბერნატორო

ბატონო გენერლებო

აღმატებულებანი

ქალბატონებო და ბატონებო

ძვირფასო თანამემამულენო, ძვირფასო მეგობრებო

 

100 წლის წინ, 1921 წელს, საქართველოს დე იურედ აღიარებით, საფრანგეთი თან ახლდა ახალგაზრდა რესპუბლიკის დაბადებას. საქართველომ, რომელიც მაშინ თავისუფლდებოდა  რუსეთის იმპერიული ბანდისგან, აირჩია დემოკრატიული მომავალი.

მომავალი ზოგჯერ მხოლოდ იმედი და ილუზიაა.

საფრანგეთის აღიარებიდან სულ რაღაც 1 თვის შემდეგ წითელი ჯარები შემოიჭრნენ და მოახდინეს საქართველოს ოკუპაცია. ოკუპაცია, რომელიც გაგრძელდა 70 წელი.

ეს იყო დასაწყისი იძულებითი ემიგრაციის სასოწარკვეთილებისა მათთვის, ვინც იბრძოდა საოცნებო საქართველოსთვის.

მაგრამ რა არის საფრანგეთზე, თავისუფლების ამ მიწაზე, მათთვის, ვინც დაკარგა ის, რისიც სწამდათ.

ამ მწერლებს, იურისტებს, ჯარისკაცებს, ინტელექტუალებს, პოლიტიკოსებს, დეპუტატებს, მთავრობის წევრებს შორის, რომლებმაც დატოვეს თავიანთი ქვეყანა საფრანგეთთან გასაწევრიანებლად, იყო ახალგაზრდა დიმიტრი ამილახვარის ოჯახი. პრესტიჟული ოჯახი პოლიტიკური ემიგრანტების მცირე საზოგადოებაში.

სამხედრო მოსამსახურეთა ოჯახის შთამომავალი, დიმიტრი ამილახვარი, თავის მხრივ, ასევე სამხედრო გახდებოდა. დაიმსახურებდა ჩინს, მოიპოვებდა დიდებას და შეხვდებოდა სიკვდილს. გმირულ სიკვდილს!

საფრანგეთის, საქართველოს მიმართულებით, ამ პირველი ნაბიჯიდან 100 წლის შემდეგ, ვინ შეიძლება, დიმიტრი ამილახვარზე უკეთ, განასახიეროს ქართველების მადლიერება საფრანგეთისადმი, ამ ქვეყნისადმი, რომელმაც მაშინ მიიღო, პატივი მიაგო და მომავალი მისცა ქართულ პოლიტიკურ ემიგრაციას.

ამ პრესტიჟულ შეკრებაზე, ასევე მსურს მოვისმინო ქართველი ოფიცრების სახელები, რომლებიც ახალგაზრდა ოფიცრების დაცვით, თავიანთი ქვეყნის თავისუფლებით, ჩაირიცხნენ ფრანგულ ჯარში და იბრძოდნენ მისთვის: ვაჩნაძე, თოხაძე, ოდიშელიძე, ჯინჭარაძე, კინწურაშვილი, ჩხენკელი, მგალობლიშვილი და მრავალი სხვა.

დიმიტრი ამილახვარის გახსენება, ასევე ნიშნავს იმათზე ფიქრს, ვინც სიცოცხლე გაიღო თავისი ქვეყნისთვის. ყველას თავის მხრივ გაიხსენებს საყვარელი ადამიანის, მეგობრის დ ა საპატიო ველზე დაცემული ამხანაგის ფიგურას.

დღეს ჩვენ განსაკუთრებულად ვფიქრობთ თქვენს ამხანაგზე, რომელიც გუშინ მალიში დაეცა.

 

ცერემონიაზე, რომელშიც თქვენ მონაწილეობთ, მოხდევა გარდაცვალების შემდგომი დაჯილდოება. 

უმაღლესი ქართული სამხედრო ორდენით დაჯილდოვდება დიმიტრი ამილახვარი

და ბრწყინვალების ორდენი გადაეცემა მის ორ თანამემამულეს, დეკანოზ ელი მელიას და პრინც კონსტანტინე ანდრონიკოვს, რომლებიც ემსახურებოდნენ როგორც მათ ქვეყანას, ასევე საფრანგეთს

ცერემონიის მეორე ნაწილი იქნება დიმიტრი ამილახვარის ბიუსტის გახსნა. ეს ბიუსტი შექმნა ცნობილმა მოქანდაკემ გურამ ნიკოლაძემ, რომელიც სხვა არავინ არის, თუ არა თანაბრად ცნობილი მოქანდაკის შვილიშვილი და როდენის მოსწავლე. 

ბრინჯაოს ამ ბიუსტის სამი ეგზემპლარიდან, ერთ-ერთი  გადაეცემა ერთი სენ-სირის სამხედრო აკადემიას, მეორე კი უცხოულილეგიონის. ბოლო ასლი მოგვიანებით გაიხსნება საქართველოში.

 უღრმესი მადლობა თითოეულ თქვენგანს ამ ცერემონიაზე დასწრებისთვის.

Allocution de Othar Zourabichvili
Président de l'Association Géorgienne en France
26 septembre 2021 - Ordre de la Libération - Hôtel National des Invalides

Madame la Présidente

Monsieur le Chef d’Etat Major des Armées

Monsieur le Gouverneur Militaire de Paris

Monsieur le Commandant de l’AMSCC

Monsieur le Commandant de la LE

Monsieur le délégué national de l’Ordre de la Libération

Monsieur le Gouverneur des Invalides

Messieurs les généraux

Excellences

Mesdames et Messieurs

Chers compatriotes, Chers amis

 

Il y a 100 ans, en 1921, reconnaissant de Jure la Géorgie,  la France accompagnait la naissance d’une jeune République. La Géorgie d’alors se débarrassant de la gangue impériale de la Russie, se choisissait un avenir démocratique. 

L’avenir n’est parfois qu’espoir et illusion. 

A peine 1 mois après la reconnaissance de la France, les armées rouges envahissaient et occupaient la Géorgie. Une occupation qui allait durer 70 ans.

Débutait pour ceux qui avaient lutté pour cette Géorgie rêvée, le désespoir d’une émigration contrainte. 

Mais que de mieux que la France, cette terre de Liberté, pour ceux qui avait perdu celle à laquelle ils croyaient. 

Parmi ces écrivains, juristes, militaires, intellectuels, hommes politiques, députés, membres du gouvernement qui quittaient leur pays pour rejoindre la France, il y avait la famille du jeune Dimitri Amilakvari. Une famille prestigieuse au sein d’une petite communauté d’émigrés politiques. 

Fils d’une lignée militaire. Dimitri Amilakvari, allait à son tour, le devenir. Gagner ses galons, rencontrer la gloire et trouver la mort. Une mort héroïque !

100 après ce premier pas de la France en direction de la Géorgie, qui mieux que Dimitri Amilakvari pouvait symboliser la reconnaissance des Géorgiens envers la France, ce pays qui, alors, avait accueilli, respecté et donné un avenir à l’émigration politique géorgienne. 

A cette prestigieuse assemblée, je veux aussi faire entendre quelques noms d’officiers géorgiens qui après avoir, jeunes officiers défendus, la liberté de leur pays, se sont engagés dans l’armée française et se sont battus pour elle : Vachnadzé, Tokhadzé, Odichelidzé, Djintcharadze, Kintzourichvili, Tchenkeli, Mgaloblichvili et beaucoup d’autres. 

Evoquer le souvenir de Dimitri Amilakvari, c’est aussi penser à ceux qui ont donné leur vie pour leur pays. Chacun à son tour se remémore la figure d’un proche, d’un ami, d’un camarade tombé au champ d’honneur. 

Nous avons, ce jour, une pensée toute particulière pour votre camarade tombé hier au Mali.

La cérémonie à laquelle vous participez se compose 

  - d’une remise de décorations à titre posthume 

      la plus haute décoration militaire géorgienne sera remise à Dimitri Amilakvari 

      et, l’ordre d’excellence, à deux de ses compatriotes, l’archiprêtre Elie Mélia et le prince Constantin Andronikof qui ont servi à la fois leur pays et la France

   - le 2e temps de la cérémonie sera l’inauguration du buste de Dimitri Amilakvari. Ce buste a été réalisé par le célèbre sculpteur Guram Nikoladze qui n’est autre que le petit fils d’un sculpteur, également célèbre, élève de Rodin.

Ce buste fondu en bronze en 3 exemplaires, sera remis l’un à l’Académie Militaire de Saint-Cyr Cöetquidan et l’autre à la 13e DBLE. Le dernier exemplaire sera ultérieurement inauguré en Géorgie.

 Un très profond merci à chacun d’entre vous pour votre présence à cette cérémonie.

Le Lieutenant-colonel Dimitri Amilakvari
Message de Constantin Kinsky 
Au nom des petits-fils et arrière-petits enfants du Lt-Cl Amilakvari
Pour la cérémonie célébrée en son honneur aux Invalides et à l’Arc de Triomphe Lors du Centenaire de la reconnaissance de jure de l’indépendance de la Géorgie par la France

Permettez-nous tout d’abord de remercier les nombreuses personnalités qui ont permis que nous soyons ici aujourd’hui. Les présidences de Géorgie et de France pour leur haut patronage, le Général Burkhard, CEMA, et le Général Lardet, COMLE, les représentants des Compagnons de la Libération et de de la Promotion Amilakvari, nos hôtes aux Invalides, l’Association Géorgienne en France et vous tous qui avez tenus à témoigner de votre attachement à la mémoiredu Lt-CL Amilakvari.

Au moment de clore cette cérémonie du buste, et avant de monter à l’Arc de Triomphe, bien des pensées et bien des émotions se bousculent en nous, descendants du Lt-Cl Amilakvari. Je n’en évoquerai aujourd’hui que deux. La première concerne la figure dont nous célébrons aujourd’hui la mémoire, celle d’un homme debout, et ladeuxième concerne justement ce devoir de mémoire.

Un Homme debout

Amilak, comme l’appelait ses pairs de Saint-Cyr et à la Légion, c’est d’abord un homme debout. La première des humilités, c’est la capacité de faire face à la réalité. La première des grandeurs est d’y faire face sans se trahir.

Le courage physique est une chose, et une grande chose. Amilak avait cette incroyable capacité à rester debout au feu, au mépris de sa vie, pour préserver celle de ses hommes, leur donner des ordres inspirés, hardis et clairs et les mener vers

d’improbables victoires. Maroc, Narvik, la Syrie, L’Érythrée, Bir Hakeim, El Alamein.

Le 24 octobre 1942, debout au pied du piton d’El Himeimat, refusantsous la mitraille de monter dans un blindé qui proposait de l’évacuer - "ma place est à la Légion, à coté de mes hommes" -, il est mortellement touché par un obus. Il a 37 ans.

Pour la première fois, il s’est couché au feu. Ses hommes le veilleront toute la nuit.

Par son courage, sa constante exigence mais aussi par sa discrète bienveillance envers ses hommes et ses officiers, il inspirera ceux qui, formés par lui, deviendront d’autres figures de légende de la Légion, comme le Colonel de Sairigné, ou les officiers de la Promotion de Saint Cyr qui porte son nom et dont 37 sont comme lui morts pour la France.

Le général Monclar dira: "chez lui, tout était grand: sa stature, le comportement dans la paix et dans la guerre, l’idéal et cette tension constante, voire un peu douloureuse vers l’héroïsme qui voulait que toujours il songeât, chose difficile, à se surpasser lui- même".

Car au-delà du courage physique, et souvent bien plus difficile encore, il y a le couragecivique et le discernement devant des choix douloureux.

Jeune officier, Amilak a choisi la Légion Étrangère, car il veut pouvoir servir son pays d’adoption tout en restant fidèle à son pays de naissance. Le 14 juillet 1939, c’est en Géorgien qu’il défile aux Champs Élysées à la tête de la Légion. Et c’est en Français qu’il se bat à Narvik quelques mois plus tard, naturalisé pour pouvoir protéger sa famille durant le conflit et unifier désormais amour du pays et amour des armes, valeurs qui le définiront jusqu’à ce certain jour d’octobre 1942.

Faire des choix en homme debout : après la défaite française de 1940, Amilakvari choisit la "rébellion", parce que, dira-t-il: "Je dois tout à la France, ce n'est pas au moment où elle a besoin de moi que je l'abandonnerai". Amilakvari avait été chassé de son pays par une armée russe et communiste, pour tomber en 1942, et ça n’est pas le moindre des paradoxes de son choix, alors que la même armée russe et communiste se bat aux cotés des Alliés.

Le monde est beau. Mais il est aussi violent, incertain, complexe et ambigu. Choisir est difficile. Un homme debout sait faire face sans se trahir, servir son pays de naissance et son pays d’adoption parce que ce qui l’anime est l’amour de la liberté, enraciné dans l’amour du pays et le respect de la vie humaine.

Le Devoir de Mémoire

Posons-nous alors la question: que signifie aujourd’hui ce devoir de mémoire qui nous réunit?

Le devoir de mémoire n’est pas nostalgie du passé mais message d’espoir. Le devoir de mémoire n’a de valeur que parce qu’il a du sens. Et il a du sens parce qu’il est tourné vers l’avenir. Parce que, pour reprendre les mots de Mr. Hubert Germain, ce jeune lieutenant sous les ordres d’Amilak qui est aujourd’hui ce dernier Compagnon de la Libération qui veille non loin d’ici à sa fenêtre : "si la flamme vient à s’éteindre, il restera toujours des braises".

Lorsque le général de Gaulle évoque dans ses Mémoires de Guerre "le rendez-vous vingt fois séculaire de la grandeur de la France avec la liberté du monde", nous le comprenons aujourd’hui comme l’appel à protéger et construire une Europe pacifiée parce qu’unifiée, ouverte et généreuse parce que sure d’elle-même.

Et nous savons que ce ne sont peut-être que des mots, mais que ce ne sont pas que

des phrases, parce que pour ces mots se sont battus des hommes debout.

C’est cet homme debout, cette figure de chef, dans la grandeur et l’humilité du service, dans l’amour de la patrie et dans l’amour des armes, prince géorgien et légionnaire français, tombé au champ d’honneur pour la liberté du pays qui l’avait accueilli, géorgien par le sang reçu, français par le sang versé, qu’aujourd’hui nous honorons.

À son exemple, aujourd’hui, chacun à la place que la vie nous a choisie, simplement mais fermement, nous voulons à notre tour être des femmes et des hommes debout.

1921 - 2021
Hommage au Lt-Col Amilakvari

En 1921 la France reconnait "de jure" la jeune République de Géorgie. De nombreux pays l'ont précédé et d'autres vont la suivre

Cette Reconnaissance, qui a aujourd'hui 'hui 100 ans, précède de quelques mois l'annexion de la Géorgie par la Russie soviétique. Gouvernement, hommes politiques, intellectuels se réfugient alors en France ...

Tout au long des années qui vont suivre, de nombreux géorgiens vont servir la France qui est devenue leur seconde patrie.

Le Lieutenant- colonel Amilakvari en est la figure marquante.

Le buste de Dimitri Amilakvari a été créé par le sculpteur Guram Nikoladzé (petit-fils du sculpteur Jacob Nikoladzé, élève de Rodin). Trois bustes en bronze ont été fondus en Géorgie. 

J'accepte que ces données soient stockées et traitées dans le but d'établir un contact. Je suis conscient que je peux révoquer mon consentement à tout moment.*

* Indique les champs obligatoires

Email : info@francegeorgie100.fr